Les drones dans le ciel : quelles obligations d’assurance pour les pilotes ?

L’essor fulgurant des drones soulève de nouvelles questions juridiques. Entre loisir et outil professionnel, ces engins volants doivent désormais se plier à une réglementation stricte, notamment en matière d’assurance. Décryptage des obligations légales qui s’imposent aux pilotes de drones.

Le cadre réglementaire de l’utilisation des drones

L’utilisation des drones en France est encadrée par plusieurs textes législatifs et réglementaires. La loi du 24 octobre 2016 relative au renforcement de la sécurité de l’usage des drones civils pose les bases du régime juridique applicable. Elle est complétée par divers arrêtés et décrets, dont le décret du 18 mai 2018 relatif à l’utilisation civile des drones.

Ces textes définissent notamment les catégories de drones, les zones de vol autorisées, les règles de sécurité à respecter, ainsi que les obligations d’enregistrement et de formation des télépilotes. Ils introduisent surtout une obligation d’assurance pour certains types d’usages.

L’obligation d’assurance pour les drones : qui est concerné ?

L’obligation d’assurance ne s’applique pas de manière uniforme à tous les utilisateurs de drones. Elle dépend principalement de l’usage qui en est fait :

– Pour un usage de loisir, l’assurance n’est pas obligatoire mais fortement recommandée. Les drones de moins de 800g utilisés à des fins de loisir ne sont pas soumis à l’obligation d’assurance.

– Pour un usage professionnel, l’assurance est obligatoire, quelle que soit la masse du drone. Cette obligation découle de l’article L.6131-2 du Code des transports, qui impose une assurance responsabilité civile à tout aéronef circulant au-dessus du territoire français.

– Pour les drones de plus de 800g, même utilisés à titre de loisir, l’assurance devient obligatoire en vertu du règlement européen 785/2004 relatif aux exigences en matière d’assurance applicables aux transporteurs aériens et aux exploitants d’aéronefs.

Les garanties minimales requises

L’assurance obligatoire pour les drones doit couvrir la responsabilité civile du pilote. Elle vise à indemniser les dommages causés aux tiers (personnes et biens) en cas d’accident. Les montants de garantie minimaux sont fixés par le règlement européen 785/2004 :

– Pour les drones de moins de 500 kg, la garantie minimale est de 750 000 DTS (Droits de Tirage Spéciaux, unité de compte du FMI) par accident, soit environ 900 000 euros.

– Pour les drones de plus de 500 kg, la garantie minimale augmente progressivement en fonction de la masse maximale au décollage.

Il est important de noter que ces montants ne concernent que la responsabilité civile. D’autres garanties peuvent être utiles, comme l’assurance des dommages subis par le drone lui-même, mais elles ne sont pas légalement obligatoires.

Les spécificités de l’assurance drone professionnelle

Pour les utilisateurs professionnels de drones, l’assurance revêt une importance particulière. Outre l’obligation légale, elle constitue souvent une exigence des clients ou donneurs d’ordre. Les polices d’assurance professionnelles pour drones peuvent inclure diverses garanties :

– La responsabilité civile professionnelle, qui couvre les dommages causés dans le cadre de l’activité, y compris les dommages immatériels (par exemple, la violation de la vie privée lors de prises de vues).

– La protection juridique, utile en cas de litige avec un client ou un tiers.

– L’assurance tous risques du matériel, qui couvre les dommages subis par le drone et ses équipements.

– La garantie perte d’exploitation, qui compense les pertes financières en cas d’immobilisation du drone suite à un sinistre.

Les professionnels doivent être particulièrement vigilants quant à l’adéquation de leur couverture d’assurance avec leur activité spécifique (photographie, inspection de bâtiments, agriculture de précision, etc.).

Les sanctions en cas de défaut d’assurance

Le non-respect de l’obligation d’assurance expose le pilote de drone à des sanctions sévères :

– Pour les particuliers, l’absence d’assurance obligatoire est punie d’une amende de 3750 euros, en vertu de l’article L.324-2 du Code de la route, applicable par extension aux aéronefs.

– Pour les professionnels, outre l’amende, le défaut d’assurance peut entraîner la suspension ou le retrait de l’autorisation d’exploitation délivrée par la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC).

De plus, en cas d’accident, le pilote non assuré devra assumer personnellement l’indemnisation des victimes, ce qui peut représenter des sommes considérables.

Les évolutions réglementaires à surveiller

La réglementation sur les drones évolue rapidement pour s’adapter aux progrès technologiques et aux nouveaux usages. Plusieurs changements sont à anticiper :

– L’harmonisation européenne des règles d’utilisation des drones, avec l’entrée en vigueur progressive du règlement UE 2019/947 depuis le 31 décembre 2020.

– Le renforcement probable des exigences en matière d’assurance, notamment pour les drones autonomes ou les systèmes de livraison par drone.

– L’adaptation du cadre assurantiel aux nouvelles technologies comme la 5G ou l’intelligence artificielle embarquée dans les drones.

Les pilotes et exploitants de drones doivent rester informés de ces évolutions pour s’assurer de la conformité de leur pratique et de leur couverture d’assurance.

Face à la complexification du cadre juridique entourant l’utilisation des drones, l’assurance s’impose comme une protection indispensable, qu’elle soit légalement obligatoire ou non. Elle garantit non seulement la conformité réglementaire, mais offre surtout une sécurité financière précieuse en cas d’incident. Pilotes amateurs comme professionnels ont tout intérêt à bien s’informer sur leurs obligations et à choisir une couverture adaptée à leur pratique.

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